Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
337
FOUETTE, COCHER !

Je me contentai de sourire d’un air entendu, comme quelqu’un qui sait comprendre la plaisanterie. Il démarra et fila comme le vent. La rue de Tournon est large et quasi déserte. Tant que nous fumes dans la rue de Tournon, je n’eus pas à me plaindre des événements.

Mais au coin de la rue de Seine et du boulevard Saint-Germain, le fiacre s’arrêta devant un encombrement.

— Qu’attendez-vous ? dis-je à mon cocher.

— J’attends, bourgeois, que la voie soit libre.

— Prenez-en une autre, fis-je sur un ton sec.

Il en prit une autre, descendit le boulevard jusqu’à la rue Grégoire-de-Tours, tourna à la rue de Buci, arriva de la sorte jusqu’à la rue Dauphine, et la parcourut d’un bon trot.

— Décidément, me disais-je, je suis bien tombé. Voilà un brave garçon qui aura dix sous de pourboire.

Je n’avais point fini de formuler cet accès de générosité, quand le fiacre stoppa. Le cocher descendit de son siège et battit, de la semelle, le trottoir.

— Qu’y a-t-il encore ? m’écriai-je, en passant la tête à la portière.

— Il y a des travaux, me répliqua mon homme, de l’air le plus stoïque du monde. Monsieur n’a point voulu me laisser prendre la rue de Seine. Monsieur est maintenant bien avancé. La rue de Seine est peut-être, à l’heure qu’il est, la seule rue de Paris où l’on ne travaille point. Il