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POUR LES GRINCHUS

poudres et les fards. Eh bien, moi, messieurs, qui ai vu bâtir l’Exposition, j’ai pénétré le mystère des plâtres et je dis : Peuh ! Il ne faut point me la faire à la pierre meulière. Presque tous ces palais sont outrageusement en toc. J’ai vu s’attifer les architectures ; on a frisé de carton la perruque blonde de leur dôme, on a agrandi la perspective menteuse de leurs fenêtres et de leurs portes : fausses bouches, faux yeux. Derrière les oripeaux et les clinquants, j’ai jugé la pauvreté des dessous. Sur le squelette chancelant des charpentes on a fait couler une pâte malsaine que l’on a poudrederizée, peinturlurée, fardée. C’est fait avec de la vaseline de ciment, décoré avec du plâtre des fées et du mortier de coulisse ! Aussi, je vous dis : Telle une acteuse qui est restée longtemps sous le feu de la rampe, je vois déjà l’Exposition et tout son maquillage cosmopolite fondre sous les rayons du grand soleil. Quel mastic, messeigneurs ! quel gâteau de maçons ! quel saint-honoré pour entrepreneurs ! La Tour Eiffel occupera le centre de cette pièce montée, et c’est la grâce que je lui souhaite ! Ainsi soit-il. »

Les grinchus montrèrent une joie désordonnée, puis, se tournant vers un personnage qui occupait le strapontin du milieu, et qui n’avait encore soufflé mot, ils lui demandèrent : « — Et vous, monsieur, avez-vous à souffrir de l’Exposition ? »

L’omnibus venait d’entrer dans l’avenue de La Motte-Picquet. Le personnage indiqua du