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SUR MON CHEMIN

vatoire d’antan ne saurait être l’excuse du Conservatoire d’aujourd’hui, car celui-ci est pire. M. Théodore Dubois l’ait le maximum. Si j’en crois toutes les histoires qu’on m’a soufflées à l’oreille, on ne vit jamais pareille pétaudière. La discipline et le reste y sont fort relâchés, et jamais les professeurs n’en firent tant à leur fantaisie, jamais les élèves ne se mirent tant à leur aise — à l’aise des professeurs, comme de bien entendu.

Il y a quelques années, un élève pouvait encore compter sur vingt-quatre heures de cours effectif dans son année ; maintenant, pour aboutir à un calcul, il est prudent de se munir d’une montre qui marque les secondes. Bref, le travail est nul, l’effort inexistant. Les résultats, dans ces conditions, sont lamentables, et, malgré l’armée, chaque jour grossissante, des cabots, M. Sardou peut toujours crier : « La disette de comédiens est, chaque jour, plus inquiétante. On ne sait plus ni les prendre, ni les voir, ni les suivre, ni les encourager. » Ce serait un travail intéressant à faire, et auquel je prendrai peut-être plaisir un jour, de lever la liste des premières récompenses du Conservatoire qui furent engagées sur nos principales scènes, depuis cinq ans, et de constater ce que ces phénomènes ont donné devant le public. On pourra calculer alors le nombre de nullités, de ratés, de non-valeurs qui encombrent le budget de nos scènes subventionnées et dont l’Affiche a oublié les noms.