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SUPERSTITION


Il n’est pas de jour qui ne nous amène une « première ». Comédie, drame ou mélo, opérette ou revue ; de l’Odéon pensif à la Cigale qui chante tout l’hiver, les directeurs de théâtre convient le bon peuple de Paris à l’ébaudissement ou à l’ennui mortel. Pour atteindre à l’un et pour éloigner l’autre, que ne feraient-ils point ? Ils ne reculent devant aucun frais, attribuant à une mise en scène luxueuse une importance que notre bon oncle Sarcey lui a refusée depuis longtemps ; ils frappent, dans la terreur de l’expérience des jeunes, à la porte des auteurs gâteux par le succès ; ils offrent à de vieilles actrices des appointements mensuels qui permettraient à la petite-fille de Mme Cardinal de tenir la clef haut (!?) au tyran des Flandres. Mais tant de sacrifices ne leur suffisent pas. Ils ne croiraient point tenir le succès s’ils ne faisaient entrer dans leur jeu un peu de magie.