Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DERRIÈRE LE RIDEAU


Mon ami, l’auteur dramatique, m’avait donné un strapontin pour sa répétition générale. J’y fus.

À la fin du premier acte, j’applaudis de toutes mes forces, tout seul. Puis, traversant les couloirs où les bruits les plus malveillants commençaient à se répandre, touchant le talent de mon ami et le mérite de sa pièce, j’arrivai derrière le rideau. L’auteur était là, très pâle :

— Il a combien d’entr’actes, ton vaudeville ? demandai-je.

— Deux.

— Alors tu as des chances de t’en tirer, fis-je ; la pénurie des entr’actes est une condition absolue de la réussite des œuvres dramatiques. Il y a quelque chose de plus redoutable, pour un auteur, que le public qui s’ennuie dans la salle, c’est celui qui s’amuse dans les couloirs. Si tu t’égares de ce côté, tu m’en rapporteras des nouvelles.