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COMMENT J’AI MANQUÉ CHAMBERLAIN

tissant : « Aôh ! » et se pencha, en souriant, vers moi : « Mr Chamb’l’in ! »

Je doute que l’habitude qu’ils ont prise, en Angleterre, d’abréger ainsi, le plus familièrement du monde, les noms des personnages les plus illustres, soit une marque du respect que l’on doit toujours aux grands de la terre. En France, nous avons une autre idée de la politesse, et il ne viendrait, par exemple, à la pensée de quiconque, voulant parier de Me Hornbostel, de dire : « Me Hor’stel ».

Je montai dans le cab, et, pendant prés d’une heure, nous trottâmes, par un froid de loup, dans une campagne de grésil. Après avoir laissé sur notre route une multitude de petites maisons de briques, toutes pareilles, avec leurs pignons et leurs windows en saillie sur le jardin, nous arrivâmes à un grand mur qui n’en finissait plus. Quand il prit fin, nous fûmes à une grille : le cab stoppa et je descendis. J’étais à l’entrée du parc de Mr Chamb’l’in. Je sonnai, et, d’une maisonnette qui se trouvait toute proche, sortit une femme qui devait être la concierge. Moi, de ma poche, je sortis une lettre ; sur l’enveloppe, j’avais écrit, de ma plus belle main — quand je m’applique, j’ai une écriture superbe — The right hon. Mr J. Chamberlain. Je ne vous raconterai point ce qu’il y avait dans la lettre, parce que ce