Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
SUR MON CHEMIN

serait trop long ; qu’il vous suffise de savoir que j’avais employé toute mon éloquence à persuader à M. le ministre qu’il y allait de son honneur, à lui, et de la gloire de toute l’Angleterre, de se laisser interviewer par moi.

Je montrai ma lettre à la dame avec un sourire des plus séduisants. Elle répondit à mes avances en parlant très vite, ce qui faisait que je ne la comprenais pas. Quand on a appris l’anglais dans la « Méthode Ahn », on ne le comprend pas si l’on vous parle très vite. Ceci m’était égal, pourvu qu’elle prît ma lettre. Malheureusement, elle ne prit point ma lettre. Mais elle referma la grille. Et puis, elle s’en alla.

Cet accueil inattendu m’enthousiasma : « Si je suis reçu ainsi par les domestiques, que me réserve le maître ? » me dis-je, en français. J’aime la difficulté. Un petit reporter de rien du tout aurait abandonné son projet, après ce premier coup de sonnette ; moi, je hélai mon cab et lui fis signe de me suivre, sur mes talons. Je désirais plus que jamais voir Mr Chamb’l’in, n’oubliant pas qu’il était le seul à Birmingham parlant le français. Je refis ainsi, à pied, le tour du grand mur et j’arrivai à une petite porte à la serrure de laquelle travaillait un homme qui avait toute l’apparence d’un serrurier. J’entrai par cette porte, devant cet homme, en lui disant fort poliment : I beg your pardon ! Cette phrase-là, je la sais très bien, et je ne manque jamais l’occasion de la placer tout entière, sans l’abréger.