Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/20

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lette de gala que l’année précédente. Dès qu’elle me vit, elle se troubla singulièrement et me dit d’une voix sourde :

» — Ah ! vous êtes venu !… Vous avez eu tort, capitaine Michel… j’avais fait votre commission à mon mari… mais je vous avais défendu de venir ce soir… Si je vous disais que, lorsqu’il a su que vous étiez là, il m’avait chargée de vous inviter pour ce soir… je n’en ai rien fait… c’est que, dit-elle, très gênée, j’avais mes raisons pour cela… Nous avons des amis exceptionnels qui sont quelquefois gênants. Oui, ils aiment le bruit… le tapage… Vous avez dû entendre l’an dernier… ajouta-t-elle en glissant vers moi un regard sournois… eh bien ! Promettez-moi de partir de bonne heure…

» — Je vous le promets, madame, fis-je cependant qu’une inquiétude étrange commençait à s’emparer de moi devant ces propos dont je ne parvenais pas à saisir tout le sens… Je vous promets cela, mais pourriez-vous me dire comment il se fait que je retrouve aujourd’hui mon ami… dans un état pareil ! Quel affreux accident lui est-il donc arrivé ?

» — Aucun, monsieur, aucun

» — Comment, aucun ?… Vous igno-