Page:Leroux - Une histoire épouvantable, paru dans l'Excelsior du 29 janvier au 3 février 1911.djvu/5

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sur laquelle, la veille encore, j’avais remarqué l’écriteau : « À vendre ! »

» De la fenêtre de ma chambre placée au premier étage, mon regard, passant par-dessus le mur du jardinet qui entourait cette villa, en découvrait toutes les portes et fenêtres, même celles du rez-de-chaussée. Elles étaient encore closes comme je les avais vues dans la journée. Seulement, par les interstices des volets du rez-de-chaussée, j’apercevais de la lumière. Qui donc, quels gens s’étaient introduits dans cette demeure isolée à l’extrémité du Mourillon, quelle société avait pénétré dans cette propriété abandonnée et pour y mener quel sabbat !

» Le singulier bruit de tonnerre de tambour de bois ne cessait pas. Il dura bien une heure encore et puis, comme l’aurore allait venir, la porte de la villa s’ouvrit et, debout, sur le seuil, apparut la plus gracieuse créature que j’aie jamais rencontrée de ma vie. Elle était en toilette de soirée et, avec une grâce parfaite, tenait une lampe dont l’éclat faisait rayonner des épaules de déesse. Elle avait un bon et tranquille sourire pendant qu’elle disait ces mots, que j’entendis parfaitement, dans la nuit sonore :

» — Au revoir, cher ami, à l’année prochaine !…

» Mais à qui disait-elle cela ? Il me fut impossible de le savoir, car je ne vis personne auprès d’elle. Elle resta sur le