Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/275

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l’intérêt, la réduction de la productivité des nouveaux capitaux ; les entreprises nouvelles très rémunératrices font défaut on ne s’aperçoit pas que c’est un effet de la nature des choses, ou l’on a la pensée confuse que l’État peut faire violence à cette dernière. À mesure que les particuliers deviennent plus inertes et moins entreprenants, on voudrait que l’État fût plus actif.

On pousse l’État et les municipalités aux dépenses que l’on suppose reproductives. Il n’est si mince bourgade, se qualifiant du nom de ville, qui ne doive avoir son chemin de fer, ni hameau si infime qui ne doive posséder une bonne route. On n’établit plus aucun rapport entre le prix d’un travail public et l’utilité qui en résulte. La seule apparence de la productivité, si minime qu’elle soit, d’une entreprise suffit pour que l’État soit obligé de s’en charger. Bien plus, on contraint le gouvernement et les municipalités aux dépenses voluptuaires. Démolir pour reconstruire, dépenser pour dépenser, devient inconsciemment une habitude et un programme. Dans leurs rapports aux Chambres et dans leurs circulaires les ministres s’excusent de n’avoir pas dépensé davantage et promettent d’être plus prodigues l’année suivante. C’est aux dépenses qu’elle fait qu’on est tenté de mesurer le mérite d’une administration. La civilisation d’un peuple paraît être proportionnelle à la grosseur de son budget.

C’est la baisse du taux de l’intérêt qui est la cause de ces entraînements extravagants. Ne faut-il pas que l’État fasse travailler l’épargne nationale ? L’État est un intendant auquel on ne reproche pas la prodigalité. C’est une tentation si grande que la facilité que l’on a d’emprunter à 3 ou 3 1/2 p. 100. Les financiers donnent alors carrière libre à leur imagination on écrit des livres, ou des chapitres qui ont pour titres, de la systématisation des emprunts publics, de la réforme de l’impôt par l’emprunt, etc. et toutes ces propositions désordonnées trouvent des approbateurs. La baisse du taux de l’intérêt exerce donc une influence profonde sur l’état social, sur les relations des individus et du gouvernement elle est une des principales causes qui amènent le développement de ce que nous avons appelé le