Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/317

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et restreignant dans les capitales et dans les villes d’eaux l’antique légion des petits hôteliers.

Parmi les causes d’essor de cette industrie agglomérée, il en est de naturelles, d’autres d’artificielles on ne fait pas cette distinction et l’on a tort, elle est très-importante, car si l’on ne peut rien contre les causes naturelles, on peut et on doit opposer une résistance aux causes artificielles. Les causes naturelles de la concentration de l’industrie, de presque toutes les industries, depuis celles qui font les objets les plus grossiers, jusqu’à, celles qui fabriquent les plus ténus, les plus déliés, sont les suivantes : l’impossibilité de procurer en petit la force motrice à bon marché, de réunir dans un petit atelier tout l’ensemble de machines qui est nécessaire pour la production d’un article entier ; la difficulté de pousser la division du travail aussi loin dans la petite industrie que dans la grande ; le crédit supérieur des grandes maisons ; la facilité qu’ont celles-ci d’acheter les matières en quantités plus considérables et à meilleur compte[1] ; la confiance plus grande qu’elles inspirent ah public par la notoriété dont elles jouissent, par leurs antécédents qui sont connus enfin la dissémination des frais généraux sur une production si énorme qu’ils ne représentent plus qu’une part insignifiante du prix de revient et du prix de vente de chaque produit. Telles sont les causes naturelles de la concentration des industries contre ces causes, disions-nous, on ne peut rien ce mot est exagéré, mais on n’a pas sur elles beaucoup d’action.

Les causes artificielles de cette concentration sont diverses aussi et très-puissantes. Les grands industriels ont vis-à-vis de l’État et des villes des facilités, des immunités, presque des privilèges qui n’appartiennent pas à leurs moyens où à leurs petits concurrents. Que la patente soit plus lourde pour les premiers que pour les derniers, c’est presque certain. Ce qui l’est

  1. Il n’y a qu’à lire les journaux industriels l’Économiste français, le Moniteur des Intérêts Matériels, pour voir que les prix soit du charbon, soit du fer, sont toujours notablement moins élevés pour les grands fabricants que pour les moyens et les petits.