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LES GUERRES CONTEMPORAINES

heur l’Italie libérale et une doit son origine à la guerre : elle porte et elle portera longtemps encore la peine de cette erreur ou de cette fatalité originelle. Elle aura pendant des années à lutter contre ce déficit que la guerre a créé, contre ce désarroi économique et industriel que les dépenses militaires ont amené. Cette désorganisation de toutes les forces productives de la Péninsule, c’est la lutte de 1859 qui l’a commencée, celle de 1866 qui l’acheva.

Depuis longtemps déjà le petit Piémont si plein de sève et de vigueur était consumé par les armements ; il était sans cesse l’arme au bras, distrait des travaux de la paix, l’œil, fixé sur le Tessin et sur le Pô, qu’il semblait prêt à franchir. Son état ordinaire était cet état voisin de la crise que les Allemands appellent la Kriegsbereitschaft. Le budget de 1859 calculé pour la paix, présenté le 22 février 1858 au parlement sarde, quand rien n’indiquait une guerre prochaine, se résumait en un déficit de 12 millions ; combien la guerre ne vint-elle pas l’augmenter ! Avant l’ouverture des hostilités, le gouvernement de Turin avait contracté un emprunt de 50 millions de lires ; l’Autriche avait fait de même à Londres, également avant l’ouverture de la guerre : ici commence un parallélisme vraiment curieux entre la conduite financière de l’Autriche et celle du Piémont. Le jour même où la Gazette de Vienne publiait un décret impérial établissant le cours forcé, le 29 avril 1859, le gouvernement