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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/14

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qu’un frisson brûlant parcourut ses veines, et qu’une émotion inconnue s’empara de tout son être ; elle pâlit et trembla en déposant la coupe fatale.

Son trouble n’échappa pas au jeune homme qui en tira un favorable augure.

Le bal succéda au banquet ; Marguerite l’ouvrit avec le prévôt de la maréchaussée, elle dansa ensuite avec plusieurs des notables de la ville ; puis, enfin, le tour de Jean arriva.

Dans ce moment, la confusion commençait à régner parmi l’assemblée ; la nuit était fort avancée ; les fleurs fanées et foulées aux pieds, exhalaient leurs mourants parfums mêlés aux fraîches émanations des prairies ; et le souffle matinal, qui précède l’aurore, faisait vaciller les lumières expirantes.

Marguerite et Jean se trouvaient placés dans l’ombre, à quelque distance des danseurs. Encouragé par le lieu et l’heure, Jean osa, pour la première fois, parler à Marguerite de son amour.

« Combien je bénis cette heure, Madame, lui dit-il, puisqu’elle me permet de vous dire combien je vous aime ! Ce sentiment que vous m’avez inspiré ne finira qu’avec ma vie !

— Ne parlez pas ainsi, répondit Marguerite ; le sentiment que vous m’exprimez est pour moi une injure, puisque je suis mariée, et que je respecterai jusqu’à la mort la sainteté des liens que j’ai contractés.

— Ne me désespérez pas, reprit Jean, en m’opposant des serments que votre cœur n’a pu ratifier, et laissez-moi du moins espérer que, si vous ne pouvez y répondre, vous ne serez pas toujours insensible à mon amour ? »

Marguerite allait répondre, lorsque plusieurs personnes s’approchèrent ; elle se hâta d’aller rejoindre son mari et de quitter le bal.

À partir de ce moment, Jean renouvela plusieurs fois