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affaires de commerce de son père, il devait y retourner en automne.

Maurice était beau, l’expression tendre et passionnée de son regard donnait à sa physionomie un attrait tout particulier.

Une mutuelle sympathie sembla tout d’abord entraîner Blanche et Maurice l’un vers l’autre.

Dès avant la fin du bal, Maurice se fit présenter à Mme Barton, et obtint d’elle la permission d’aller lui présenter ses hommages.

Le sommeil des deux sœurs fut très-agité : l’une se retraçait avec enivrement les plaisirs du bal ; l’autre ne pensait qu’à l’espoir de revoir Maurice. Rien n’est plus triste que le jour qui succède à une soirée de bal ; aussi la petite chambre, occupée par les deux sœurs, leur parut-elle sombre et silencieuse, comparée à l’éclat des lumières et au bruit joyeux des instruments, dont les sons résonnaient encore à leurs oreilles.

« Ah ! dit Rose en serrant avec regret sa parure de bal, il se passera peut-être bien du temps avant que j’aie l’occasion de remettre ces fleurs, pourtant le bal est une chose si charmante que je m’étonne d’avoir pu vivre sans connaître ce plaisir. Et toi, Blanche, qui venais à cette soirée avec tant de répugnance, j’espère bien que maintenant tu n’as plus que le désir d’y retourner.

— Sans doute, reprit Blanche en soupirant, mais tout plaisir s’achète par une crainte ou un regret, et le désir qui n’est pas réalisé devient une souffrance, et tout bonheur est précédé ou suivi d’une douleur.

— Ces réflexions me paraissent bien sérieuses, s’écria Rose, et pourtant, je crois, qu’indépendamment des plaisirs du bal, tu as fait la conquête d’un riche et beau jeune homme, Maurice Duval, que, sans doute, nous ne tarderons pas à voir ici.

— En effet, je sais, dit Blanche en rougissant, que ma