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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/28

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mélancolie. Les deux noms qu’elles avaient reçus en naissant semblaient être le symbole de leur différent genre de beauté et le type personnel des contrastes qui existaient entre leurs caractères. Cependant, Rose ressemblait à sa sœur en ses heures de mélancolie, et il en était de même de cette dernière lorsqu’elle se livrait à un peu d’animation et de gaîté. Partageant les mêmes études, toujours inséparables et vêtues de la même manière, on les croyait d’abord jumelles et on les appelait les deux roses.

Mme Barton n’était pas riche, elle vivait fort retirée, et ses deux filles ne connaissaient rien du monde ni de ses plaisirs.

Le mariage d’une amie de pension fut l’occasion d’un bal où elles furent invitées.

Rose, et Blanche, quoique simplement vêtues d’une robe blanche et d’une branche d’aubépine dans les cheveux, y effacèrent les plus splendides beautés et les plus riches toilettes.

Avec la vivacité de son caractère et la gaîté naturelle à son âge, Rose se livra toute entière au plaisir du bal, tandis que sa sœur, émue et tremblante, se sentait intimidée et sur le point de regretter sa solitude accoutumée.

Cependant chacun s’empressait à l’envi auprès des deux sœurs, et Mme Barton pouvait avec raison être fière de ses filles.

Une première soirée de bal laisse toujours dans l’âme des jeunes filles d’ineffaçables souvenirs ; il en devait être ainsi, surtout de Blanche, dont la destinée devait se rattacher à cette première révélation de la puissance de sa beauté.

Parmi les jeunes gens qui s’étaient montrés le plus empressés à lui plaire, elle avait remarqué Maurice Duval, fils d’un des plus riches négociants de Nantes.

Déjà Maurice était allé deux fois à New-York pour les