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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/31

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lait au ciel, l’heure était solennelle. Blanche et Maurice se taisaient ; ce dernier le rompit tout-à-coup :

« Ma chère Blanche ! dit-il avec émotion, pardonnez-moi ce nom, que je vous ai donné depuis longtemps dans mon cœur, je vous aime depuis le premier jour où votre regard a rencontré le mien, et je sens que cet amour ne finira qu’avec ma vie ; j’attends un mot de vous, que puis-je espérer ou craindre ? »

En entendant cet aveu qu’elle prévoyait depuis quelque temps, Blanche éprouva une si vive émotion qu’elle ne put répondre que par ses larmes.

« Que signifient ces larmes ? s’écria Maurice, aurais-je eu le malheur de vous déplaire, moi qui donnerais mille fois ma vie pour vous épargner un chagrin ; mais je le vois vous ne m’aimez pas !

— Non, Maurice, répondit-elle, vous vous trompez, mais j’ai été tout à la fois si heureuse et si effrayée de cet aveu que je n’ai pu retenir mes larmes.

— Mais, pourquoi cet effroi, dit Maurice enivré de bonheur, je sais que vous ne seriez pas heureuse loin de votre mère et de votre sœur, je ne prétends pas vous imposer une si cruelle séparation.

— Mais votre père, reprit Blanche, consentira-t-il à vous voir abandonner les voyages si nécessaires à votre commerce.

— Il y consentira, sans doute, dit Maurice, je suis son fils unique, il ne désire que mon bonheur, et, si vous le permettez, il viendra dès demain demander le consentement de votre mère à notre union. »

Blanche ne répondit qu’en abandonnant à Maurice une de ses mains qu’il couvrit de baisers.

En ce moment, Rose, qui avait tout entendu, se rapprocha d’eux, et partagea la joie qui remplissait leur cœur.

D’abord, M. Duval se montra peu disposé à consentir au mariage de son fils ; Mme Barton n’était pas riche, et il