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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/32

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avait rêvé pour son fils une position plus en rapport avec sa fortune. Mais vaincu par les instances de son fils, il se décida à venir demander la main de Blanche.

Cette demande fut bien accueillie par Mme Barton.

Cependant, M. Duval exigea que son fils fît un voyage aux États-Unis, pour y terminer des affaires de commerce. L’absence de Maurice devait durer un an, et son mariage ne devait être célébré qu’à l’époque de son retour.

Blanche s’effraya d’abord en pensant que l’Océan allait les séparer. Mais ce départ ne devait avoir lieu qu’à la fin de l’automne, et jusque-là les deux fiancés devaient se voir tous les jours. Toute entière au bonheur présent, Blanche oubliait l’avenir, et le départ de Maurice lui apparaissait comme un de ces malheurs qu’on sait inévitable mais que l’on croit impossible.

Sans doute, M. Duval espérait que le temps et l’absence feraient oublier à son fils des projets de mariage qu’il ne voyait pas sans déplaisir.

Mme Barton possédait, près de Saint-Nazaire, une propriété, nommée le Bois-Rocher ; c’était une antique maison, entourée d’un côté de grands bois, et de l’autre ayant une vue très-étendue sur l’Océan. Ce lieu, agreste et solitaire, se trouvait sur une roche élevée, ce qui lui avait fait donner son nom.

Mme Barton vint s’y établir avec ses filles, tandis que Maurice habitait Saint-Nazaire, dans le port duquel il devait s’embarquer.

À mesure que l’époque du départ approchait, les deux fiancés ne jouissaient plus qu’avec un mélange de tristesse des derniers jours qui déjà semblaient ne plus leur appartenir.

La veille du départ, Maurice et Blanche échangèrent leurs portraits ; celui de cette dernière était d’une extrême ressemblance. Les adieux des deux fiancés furent déchirants, ont eût dit qu’un secret pressentiment les avertissait