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auprès de sa mère et de sa sœur qu’on savait engagée.

Le printemps était revenu, Maurice écrivait qu’il serait de retour à la fin de l’été, et l’espoir renaissait dans le cœur de Blanche.

Ce fut dans ce moment-là, que le banquier, chez lequel Mme Barton avait placé la moitié de sa fortune, fit faillite. Il fallut vendre la maison de Nantes, il ne restait plus à Mme Barton que Bois-Rocher, et son revenu ne se montait guère qu’à quatre mille francs.

En présence d’un tel désastre, M. Duval déclara à Mme Barton que le projet de mariage entre Blanche et son fils était devenu impossible. Sans doute, M. Duval ne fut pas fâché de cette circonstance, mais sa résolution qu’on ne pût cacher à Blanche, lui porta un coup terrible. Une lettre de Maurice ne tarda pas à venir la rassurer sur la durée de ses sentiments.

Elle était ainsi conçue :

« Ma chère Blanche,

» J’ai appris la perte de fortune de madame votre mère ; je n’y suis sensible qu’à cause de l’ennui qu’elle a dû lui causer. Si vous étiez pauvre, abandonnée de tous, je n’en mettrais pas moins mon bonheur et ma gloire à vous donner ma fortune et mon nom. J’espère que vous me connaissez assez pour ne pas me faire l’injure de penser que cette circonstance m’ait préoccupé un seul instant. J’ai appris avec beaucoup plus de peine l’injuste résolution de mon père, quoiqu’elle ne change rien à mes sentiments. Vous êtes et vous serez toujours mon bien, ma vie, et l’unique amour que je veuille avoir sur la terre. Je n’ai jamais désiré la fortune que pour vous ; il me reste, de l’héritage de ma mère que j’ai réalisé, des sommes assez importantes pour me créer une position indépendante et me passer du consentement de mon père. Malheureusement, les