Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/33

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qu’ils ne devaient plus se revoir. Blanche pleura toute la nuit, et sa sœur qui la croyait endormie, la vit aux premières lueurs de l’aube assise près de la fenêtre et jetant un regard désolé vers l’Océan. Elle montra à sa sœur une voile qui se dessinait à l’horizon, c’était celle qui emportait Maurice ; sa sœur la comprit et toutes deux s’embrassèrent en pleurant.

« Il est là, s’écria Blanche, il est parti, et je le sens, nous nous sommes dit un éternel adieu.

Ce fut en vain que Rose combattit ce funeste pressentiment ; il ne cessa plus d’obséder l’âme de Blanche.

L’automne était arrivé, les bois se dépouillaient peu à peu de leur feuillage, les oiseaux se taisaient et ce deuil de la nature était en harmonie avec la tristesse de Blanche.

Sa mère, espérant que le changement de lieu apporterait quelque diversion à sa douleur, la ramena à Nantes.

Mais lorsque Blanche revit cette maison, ce jardin où elle avait passé de si douces heures, elle se sentit plus triste encore. Tout lui semblait changé, plus de parfums dans l’air, plus de fleurs au jardin, tout lui parlait de ce bonheur aussi fugitif que les beaux jours. Mais ces derniers devaient renaître, tandis que son bonheur était à jamais perdu. Cependant la tendresse de sa mère et de sa sœur, et surtout une lettre de Maurice lui rendirent un peu de calme.

M. Duval vint les visiter, et quoique Blanche conservât un vif ressentiment du départ qu’il avait exigé de son fils, elle n’en fut pas moins sensible aux bons procédés de M. Duval qui l’appelait sa fille.

Cédant aux instances de sa sœur, Blanche consentit à la suivre dans quelques réunions, mais jamais elle ne remit la robe de bal qu’elle portait le premier jour qu’elle vit Maurice.

Pendant cet hiver, Mme Barton reçut de nombreuses demandes de mariage pour Rose, qui les refusa pour rester