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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/36

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Blanche au milieu des neiges et des gelées. L’hiver fut donc bien triste pour ces trois femmes.

Cependant elles n’étaient pas complètement abandonnées, quelques amis venaient de Saint-Nazaire les visiter de temps en temps.

Il y avait aussi, au village de Saint-Sébastien, un abbé d’une soixantaine d’années, remarquable par son intelligence, sa bonté et sa douceur, qui était devenu l’ami de la famille Barton. Le modeste poste qu’il occupait à Saint-Sébastien était loin d’être en rapport avec son mérite, mais il l’avait choisi parce qu’il croyait y faire plus de bien que partout ailleurs. Malgré les neiges et les glaces, il venait souvent passer la veillée à Bois-Rocher ; il faisait la partie de piquet de Mme Barton, tandis que Rose faisait de la musique à sa sœur. Il adressait des paroles de consolation et d’espoir à Blanche, il priait pour le retour de Maurice, et l’assurait que ses vœux seraient exaucés.

Le printemps revint et les premiers sourires du ciel semblèrent rendre un peu de santé à Blanche. Une lettre de Maurice annonçant son retour pour le mois de juin, et donnant l’assurance que ses spéculations avaient réussi et que son père ne s’opposait plus à leur union comblèrent de joie la pauvre Blanche. Elle parut se ranimer et se rattacher à la vie. Ce fut en versant des larmes qu’elle aperçut les premières hirondelles.

« Heureux oiseaux, dit-elle, vous arrivez des pays habités par Maurice, vous l’avez vu peut-être ; combien je porte envie à votre bonheur ! Vous quittiez la France lorsque je reçus son dernier adieu. Le reverrai-je avant votre départ ?

— Ma chère Blanche, lui dit sa sœur, pourquoi ce doute cruel et ces tristes pensées qui te font tant de mal.

— Je ne puis bannir de mon âme ces tristes pressentiments qui semblent m’être envoyés par le Ciel, répondit Blanche. »