Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/37

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Cédant aux instances de sa sœur, Blanche essaya inutilement de faire un peu de musique ; il en fut de même de la peinture, elle ne put achever une vue de Bois-Rocher, qu’elle avait commencée.

Ce fut alors qu’une lettre de Maurice apprit qu’il allait s’embarquer, et que cette lettre serait la dernière.

De ce moment, partagée entre la crainte et l’espérance, Blanche trembla à l’aspect du plus léger nuage et à la moindre apparence d’orage.

Dans l’intention de la distraire, Rose proposa à sa sœur de travailler ensemble à la couronne et au bouquet de fleurs d’oranger destinés à son mariage.

Cette idée lui sourit, mais ce travail ne devait pas être achevé. À peine commencé, Blanche fut prise de fréquents évanouissements qui donnèrent les plus vives inquiétudes. Bientôt la malade fut incapable de se lever ; dans ses accès de fièvre, elle redisait d’une voix déchirante quelques fragments des romances préférées par Maurice. Le jour, elle se faisait porter près de la fenêtre, elle regardait d’un œil avide l’immense Océan. On avait placé près d’elle un superbe camélia blanc ; cette plante qu’elle affectionnait était un don de Maurice. Malgré les soins qu’on lui donnait ce camélia semblait dépérir. C’était un lugubre présage, et souvent en contemplant le visage amaigri de Blanche, on se demandait si la jeune fille survivrait à la fleur.

Pour entretenir les espérances de sa sœur, Rose continuait à travailler à la couronne de fleurs d’oranger ; mais bien souvent elle laissait tomber furtivement des pleurs sur ces fleurs, que sa sœur ne devait jamais porter.

Pendant le jour, la malade semblait se ranimer un peu ; mais les nuits étaient affreuses, Rose les passait au chevet de sa sœur dans d’inexprimables angoisses. Cependant elle s’efforçait de cacher à sa mère la triste vérité.

Souvent Blanche s’écriait :