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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/38

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« Mon Dieu ! laissez-moi vivre jusqu’au retour de Maurice ! »

Puis elle ajoutait :

« Non, il m’est impossible de mourir sans le revoir. »

Ces paroles déchirantes brisaient le cœur de Rose, qui ne voyait que trop que le désir de sa sœur ne devait jamais se réaliser.

Vers la fin de mai, l’état de Blanche fut désespéré.

En cette circonstance, le bon abbé Gervais leur fut d’un grand secours, avec la sensibilité naturelle aux âmes pures, il comprit que toute émotion amènerait la mort de la malade. Il s’attacha à fortifier et à consoler l’âme de Blanche, qui remplit ses devoirs religieux avec l’espérance de vivre.

Blanche, entourée de visages amis, parut se ranimer, et, quelques heures avant sa mort, elle faisait encore des projets d’avenir.

Ce fut par une belle soirée de mai qu’elle expira doucement Le parfum des fleurs entrait dans la chambre par la fenêtre ouverte, les rayons de la lune se reflétaient sur le calme de l’Océan. Tout était joie et bonheur au dehors, tandis que tout était désespoir et désolation dans l’âme de Rose et de sa mère.

Surmontant l’excès de sa douleur, Rose entraîna sa mère inconsolable loin de la couche funèbre, et la confia aux soins d’une amie, tandis qu’elle revint près de sa sœur, qu’elle voulut veiller encore une dernière fois. Aux premiers rayons de l’aube, Rose était si pâle et ressemblait tant à sa sœur qu’on eut pu se demander laquelle des deux était la morte.

Rose ne confia à personne le soin de rendre les derniers devoirs à sa sœur. Elle la revêtit de la robe blanche qu’elle portait au bal lorsqu’elle y rencontra Maurice, et plaça dans ses cheveux la même branche d’aubépine, comme elle en avait souvent manifesté le désir.