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Ce fut dans un de ces moments où la raison semblait sur le point de l’abandonner, que le cœur brisé de sa propre douleur et de celle qu’il allait causer à Rose, il lui écrivit pour lui dire un éternel adieu.

Cet adieu et l’annonce du départ de Donatien pour l’Australie fut un coup de foudre pour la malheureuse Rose.

Dans son désespoir, elle confia à sa mère tout ce qu’elle avait appris du passé de Donatien, cette confidence consterna Mme Barton, non moins que la résolution de sa fille qui la conjurait de l’accompagner jusqu’à Lorient, où elle espérait arriver avant le départ de Donatien. Elle ne doutait point que ses instances et sa tendresse ne parvinssent à le retenir et même en admettant le contraire elle voulait le revoir encore, et lui dire un dernier adieu.

En apprenant les antécédents de la vie de Donatien, Mme Barton regretta amèrement le consentement qu’elle avait donné au mariage de sa fille. Cependant, malgré sa répugnance, elle ne put résister aux prières et aux larmes de sa fille qui la conjurait de partir le plus promptement possible.

Pendant toute la durée du voyage, Rose qui craignait d’arriver trop tard fut en proie aux vives inquiétudes, tandis que sa mère désirait vivement que Donatien fût parti.

Elles touchaient au terme de leur voyage, lorsqu’un orage affreux survint ; la foudre éclatait à chaque instant, et les mugissements de l’Océan se faisaient entendre au loin et causaient une crainte involontaire. Ce fut dans ces circonstances que Mme Barton et sa fille arrivèrent à Lorient, où elles trouvèrent tous les habitants consternés.

À quelque distance du port, un vaisseau, après avoir lutté vainement contre la tempête, venait de disparaître sous les flots. Peu après, on aperçut les malheureux naufragés qui luttaient sans espoir contre une mort inévitable.