Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/70

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L’abbé Gervais était retourné à Saint-Sébastien, mais, avant de partir, il avait assuré Barton que le riche Espagnol l’avait chargé d’exprimer toute sa reconnaissance à Donatien, en ajoutant qu’il ne tarderait pas à lui prouver qu’il n’avait pas rendu service à un ingrat. L’abbé Gervais dit encore qu’il serait l’interprète de l’étranger, dont il devait acquitter la dette en confiant à Donatien un secret qu’il était encore trop faible pour entendre.

L’abbé Gervais devait au reste revenir aussitôt qu’il serait possible de faire à Donatien la confidence dont il s’était chargé, sans lui causer trop d’émotion.

Cependant les forces de Donatien revenaient par degrés ; l’abbé Gervais l’apprit, et il jugea que le moment était venu de lui révéler un secret qui devait lui rendre le calme dont il était privé depuis longtemps.

Il arriva donc un soir, et dit à Donatien :

« Rappelez votre courage, car je vais réveiller vos douleurs en vous rappelant un passé dont vous avez tant souffert. D’abord, l’étranger que vous avez sauvé, n’en était pas un pour vous, il se nommait Ambrosio Mendoce.

— Grand Dieu, se peut-il ! s’écria Donatien au comble de la surprise.

— Cette rencontre fut providentielle, continua l’abbé Gervais, car en apprenant votre nom et sachant qu’il vous devait la vie, Ambrosio fut saisi de repentir et de remords, et il résolut de réparer, autant qu’il était en lui, le mal qu’il vous avait causé. À cet effet, il me dicta la déclaration suivante, qu’il signa ensuite. Je lui promis que jamais vous n’en feriez usage contre lui, et que cet acte, destiné à vous rendre la paix en faisant cesser vos cruelles incertitudes serait anéanti aussitôt que vous en auriez pris connaissance. »

En achevant ces mots, l’abbé Gervais remit à Rose un paquet cacheté, et cette dernière en fit immédiatement la lecture.