Page:Les Œuvres d’Horace - Odes, Satires, Épîtres (traduction Jules Janin), tome 2, 1878.djvu/19

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soit tout à la fois très mécontent de son sort, et parfaitement jaloux de la condition d'autrui. Pour une goutte de lait que donne en plus la chèvre de son voisin, l'envieux en devient tout livide. Il ne songe pas le moins du monde à tant de gens plus pauvres que lui; il songe à ceux qui sont plus riches; il veut égaler celui-ci aujourd'hui, sauf, demain, à dépasser celui-là. Ainsi, dans la course des chars, la carrière est ouverte, et, si le guide est habile, il poussera l'attelage uniquement contre le char qui précède, oublieux de tout ce qui vient après lui.

C'est pourquoi, Mécène, nous rencontrons si rarement un homme assez heureux pour convenir de son bonheur, et, plein de jours, quittant la vie à la façon d'un convive rassasié.

Mais en voilà déjà trop sur ce point ; prenons garde à ne pas empiéter sur les tablettes de Crispinus le chassieux.