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Page:Les Œuvres d’Horace - Odes, Satires, Épîtres (traduction Jules Janin), tome 2, 1878.djvu/18

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tien, autant vaudrait dompter et monter un âne rétif au milieu du Champ de Mars.

Enfin, crois-moi, faisons trêve à cette fureur d'accumuler. Ce “plus” qu'il ne te faut et que tu possèdes enfin, doit être “assez” pour te rassurer contre la pauvreté; reposons-nous; jouissons, il est temps; sinon nous finirons comme un certain Ummidius, dont voici l'histoire en deux mots:

Il était riche à mesurer ses écus au boisseau, avare à ce point, qu'un esclave était mieux vêtu que lui. Toute sa crainte était de mourir de faim. Une concubine qu'il avait, nouvelle Tyndaris, lui fendit la tête d'un coup de hache et le guérit de sa crainte, radicalement.

« Pourtant vous ne me conseillez pas, j'imagine, de vivre à la façon de Ménius ou de Nomentanus ?

— Voici que vous accouplez encore une fois deux idées qui se heurtent de front ! Je te défends d'être avare, mais je ne veux pas que tu vives dans la débauche et dans la ruine. Entre Tanaïs et le beau-père de Visellius, il y a l'abîme. En toute chose il existe un juste milieu; en deçà comme au delà des limites raisonnables, tout n'est plus qu'erreur et mensonge. »

Donc (je finis comme j'ai commencé), il n'est personne ici-bas qui, semblable à mon avare, ne