Page:Les Œuvres d’Horace - Odes, Satires, Épîtres (traduction Jules Janin), tome 2, 1878.djvu/46

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SATIRE V.

Nous avons quitté Rome, la grande ville, Héliodore et moi; Héliodore, le plus habile et le plus savant, sans contredit, des rhéteurs de la Grèce. Aricie à notre première étape, offrait une hospitalité médiocre; on va, de là, au bourg d'Appius, qui est une espèce de halle où foisonne la pire espèce de bateliers dans les plus horribles tavernes. Nous avons mis deux jours à faire un chemin qu'un voyageur ordinaire eût fait volontiers d'une seule traite. A des nonchalants tels que nous, la voie Appienne est préférable. Une eau saumâtre eut bien vite imposé silence à mon appétit; malgré les murmures de mon estomac je laissai mes compagnons dîner à leur bon plaisir, et sans moi.

La nuit, cependant, jetait ses premiers voiles sur la terre et les premières étoiles dans les cieux; soudain s'élève une immense clameur d'esclaves à bateliers, ceux-là répondant à ceux-ci: « Viens çà ! — Tu veux donc nous encaquer dans ta barque ? Nous sommes déjà trois cents ! — Assez ! —