Page:Les Œuvres d’Horace - Odes, Satires, Épîtres (traduction Jules Janin), tome 2, 1878.djvu/47

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Assez ! » Mais que de temps perdu: recevoir le prix des places, atteler la mule au bateau !... plus d'une heure; et puis, essayez de dormir sous l'aiguillon des cousins, au chant rauque des grenouilles, aux épithalames du batelier et de certain voyageur, gris de piquette l'un et l'autre, et roucoulant en l'honneur de leur maîtresse absente. A la fin, tout s'endort. Lui-même, le muletier du coche, il lâche à travers le gazon sa mule, et, la corde ancrée à quelque pierre du rivage, il s'étend sur le dos et ronfle.

Au point du jour, cette barque immobile nous réveille; un des nôtres, une tête chaude, à peine éveillé, saute à terre , prend une gaule, et frappe à tour de bras sur la mule et le muletier. A dix heures, enfin, nous débarquons, et nous faisons nos ablutions dans les eaux de ta fontaine, ô Féronie !

Un peu refaits, il nous faut gravir pendant trois milles une montée assez pénible; on voit, d'une lieue, Anxur sur son rocher crayeux.

Là, nous devions rencontrer Mécène lui-même, et son fidèle Cocceius. Ces grands négociateurs s'étaient chargés, illustre et difficile mission, de réconcilier deux amis que la politique avait séparés. Et pendant que je raffermis mes yeux malades d'un collyre énergique, voici venir Mécène