Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je trouverai certainement quelque chose... répéta-t-elle.

Elle feignit consciencieusement d’ignorer où se trouvaient nos provisions. Elle partit comme à la découverte de l’appartement, gagna la cuisine où je l’entendis ouvrir des armoires, passa à la salle à manger où elle remua encore.

— Voilà !... voilà de quoi vous repaître !

Triomphalement, elle apportait nos gâteaux secs, notre vin de Samos, les disposait sur nos assiettes. Et je devins en cet instant l’adorable gourmande qu’elle était : mes cheveux étaient fous, mon épaule sortait nue du kimono, j’eus ses gestes pour manger et boire.

— Voyez donc ce joli petit bec, comme il en met !... murmura-t-elle, en me regardant, ravie.

Et c’était encore un de mes propos qu’elle me répétait. Rassasié, je me levai pour m’habiller. Mes ablutions terminées, j’acceptai son aide pour me vêtir. Aide précieuse !... Sans elle je me fusse certainement trompé dans l’attribution des dessous. Entre temps, elle avait ouvert mes bagages, déballé mes vêtements.

—- Mazette ! vous en avez, du beau linge !... Et cet amour de blouse !... et ce tailleur champagne !... Mettez donc ce tailleur.

J’obéis. Je fus bientôt en champagne. Le costume m’allait à ravir.

— Que vous êtes jolie, mademoiselle !

Oui, j’étais décidément en beauté. J’en ressentis un orgueil tout féminin. Et Rolande ne se fût lassée de me contempler si nous n’avions été dérangés par le concierge. Il me tendit une carte.

— C’est ce monsieur d’hier qui revient...

— Je vous laisse..., dit Rolande, avec un sourire malicieux, car elle avait eu l’indiscrétion de regarder la carte. Elle ajouta :

— Je vous laisse, mais je ne vous abandonne pas. Dès aujourd’hui je vous adopte. Vous vien-