Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/232

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— Soit, septembre. J’ai vu le notaire qui doit faire notre contrat... Que diriez-vous d’une petite communauté réduite aux acquêts ?

— Si vous voulez. Une communauté.

— Ça colle.

Je fus heureux de me retrouver seul dans mon appartement. Anna, la femme de chambre, m’avait préparé une collation que je pris. Je paressai avant de me mettre au lit. Je laissai errer ma pensée sur tous ces petits charmes du home, bibelots, portraits, meubles, autant d’objets qui arrivent, par la force des souvenirs, à constituer comme le pain de l’âme. Ils m’étaient devenus plus précieux encore depuis que, tous, Rolande les avait caressés de son regard. Et ils allaient devenir siens !... mais les fanfreluches qui traînaient, des fleurs de Robert dans une potiche, un carton à chapeau sur une console, me rappelaient que, hélas ! mon beau rêve d’amour était fini, qu'il sombrait dans l’effarante modification de mon individu.


V


Les vernissages ont perdu toute solennité et même toute physionomie artistique depuis que les sociétés y convoquent non pas le Tout-Paris, mais tout Paris, et que l’épicier peut aussi bien s’y introduire que le critique d’art et a même liberté — et quelquefois même compétence — pour exalter un « navet » ou mésestimer un chef-d’œuvre. La foule qu’on y rencontre ces jours-là est la même qui assiste sans qualité aux grands enterrements, aux bals de l’Hôtel de Ville, aux exhibitions militaires, aux défilés des souverains : partout où la badauderie est gratuite. Elle vient