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Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/247

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leuse de théâtre ?... Tu ne te défendis même pas, quand il eut posé sa main sur la tienne !...

— Tu as vu cela ?

— Je l’ai vu ; bien que, dès mon apparition. Rimeral eût vivement repris une posture moins compromettante pour toi. N’est-ce pas du flirt, cela ?

— Je n’aime pas Rimeral. J’aime Georges.

— Raison de plus pour que ta conduite soit inexcusable, indigne de l’absent qui, lui, te garde certainement toute sa fidélité, jusque dans ses gestes, et ne se permettrait pas, même avec une négresse, de semblables libertés !

Contrite, ne discutant pas mon indignation, reflet très atténué d’une solide colère de l’avant veille, elle risqua :

— Oh ! ce n’est pas toi qui me trahiras.

— Non, c’est toi-même.

— Comment cela ? — En lui avouant loyalement la vérité.

— Tu as peut-être raison. Il aura plus confiance en moi.

Et elle commençait sa confession. Mais elle y déployait une telle rouerie féminine, qu’à la fin de l’explication, c’était Rimeral qui était coupable d’avoir raconté l’histoire scabreuse et d’avoir tenu de force sa main.

— Tu ne dis pas la vérité, Rolande !

— Presque... presque... Pourquoi le chagriner ? Je l’aime tant ! Je me vendrais pour lui !

— Prends garde de te donner, en attendant !

— Oh ! Georgette, qu’oses-tu penser !... protestait-elle, joignant les mains.

Et elle ajoutait gravement :

— Si cela m’arrivait jamais, il ne me resterait plus qu’à me tuer.

Et c’est qu’elle disait la vérité, en cet instant ! C’est qu’elle n’exagérait pas !... Son remords fondait en larmes, et j’avais à la consoler, à la pren-