Page:Les Œuvres poëtiques du sieur Bernier de la Brousse, 1618.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ODE. XII,


C’eſt vne folie extreme
D’eſtre fidele en amour,
Il faut aymer qui nous ayme
Et changer de iour en iours
 Qui vn ſeul but ſe propoſe,
 Ne fait iamais grande choſe,
Les dames ayment le change,
Et n’ont iamais de deſſein
Qui n’ait touſiours du meſlange,
Et double ainſi que leur ſein :
 Ne blaſmez, telle aduenture,
 C’eſt l’effait de leur nature.
L’vne aymera la richeſſe,
L’autre aymera les diſcours,
Ceſte-cy l’art & l’adreſſe,
Celle là le ieu d’amours ;
 Iamais d’vne meſme ſorte,
 Ce faux ſexe ne ſe portes.
Si l’vne feint reconnoiſtre
L’affection de nos cœurs,
L’autre en bref la fait deſcroiſtre
Et ſe mocque de nos pleurs :
 Et iamais ſous telle enuie
 Ne s’eſtime bien ſeruie,
Aymez, & ſoyez fidele,
Vous deuiendrez odieux ;
Faignez, ſoyez infidele,
On vous recherche en tous lieux :
 Ainſi changeant de figure
 Se deſguiſe leur nature.