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réfléchir encore… Laisse-moi, et fais savoir à Hortensia que je désire lui parler.

Il savait qu’un courrier était arrivé pour la domina en même temps que pour lui ; il espérait y trouver les éléments de sa décision. Hortensia entretenait une correspondance active avec les amies qu’elle conservait au gynécée de Dioclétien, à Nicomédie, et dans celui de Galère, qui se trouvait alors à Thessalonique.

Hortensia lui fit part des lettres qu’elle avait reçues. L’impression qui s’en dégageait pouvait paraître contradictoire. À Nicomédie quelques-unes des princesses penchaient en faveur des chrétiens, et c’était justement celles qui, avec du goût pour les débats sur l’essence de la Divinité et les cérémonies qu’il convient d’accomplir pour s’assurer contre les mauvaises chances de la vie future, montraient aussi du penchant à l’intrigue. Même il arrivait qu’elles laissassent trop entrevoir leurs sentiments — sans utilité en l’absence de Dioclétien. Cela ne faisait qu’exciter, chez l’aïeule de l’auguste Galère, à Thessalonique, l’animosité que celle-ci avait toujours nourrie contre la secte. Du gynécée européen au gynécée oriental, il était de règle qu’on se détestât. Celui de Galère, demeuré sous la domination d’une vieille femme, ardente en sa dévotion aux Olympiens, fidèle aux anciennes mœurs, devait puiser dans les traditions de la vieille Rome la volonté d’être impitoyable. Enfin on y haïssait, chez ces jeunes femmes de Nicomédie, à la fois leur jeunesse et le dérèglement de leurs curiosités.

Ses habitudes d’esprit avaient entraîné Pérégrinus à envisager l’affaire dans ses aspects lointains. Hortensia lui en fit voir les côtés les plus proches. D’ailleurs, partageant les passions de Thessalonique, elle venait, par un messager, d’assurer à Prisca, la mère de Galérius, qu’elle