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ment de terre qui vient de faire crouler le fronton du temple de Poséidon, est un avertissement des dieux irrités ; il faut avoir pour soi l’opinion publique… À propos, il serait bon, surtout au début, de laisser piller les logis des chrétiens ; cela intéressera la populace aux poursuites.

— Nous possédons dans nos archives, proposa Vélléius, le pamphlet que le rhéteur Pachybios a écrit contre les chrétiens. Ta Grandeur n’ignore pas que cet homme d’esprit fut, dans sa jeunesse, plus ou moins affilié à la secte. Plus tard il est revenu à d’autres sentiments. Ce pamphlet est intitulé : Aux Chrétiens, un ami de la Vérité. Pachybios y dénonce les mœurs de ses anciens amis. Le texte en est fort scandaleux, plausible pour ce que j’ignore, véritable pour certains faits venus à ma connaissance.

— Fais-en tirer des copies par tes scribes. Qu’on le répande. Cela est excellent… Dépêche : nous n’avons pas trop de temps… J’oubliais : les exécuteurs et leurs valets doivent tenir prêts leurs appareils, afin de donner la question aux accusés — leurs instruments aussi pour les exécutions capitales. Mais autant que possible il ne faudrait pas en venir jusque-là. J’aimerais mieux réserver l’avenir, Vélléius, ne pas exciter, chez les chrétiens, une haine assez profonde pour qu’elle demeure dans leurs, souvenirs : je t’ai dit pourquoi…

Vélléius, comme le surlendemain il sortait du palais pour surveiller l’accomplissement des différentes missions dont il était chargé, aperçut Eutychia, au moment qu’elle en allait franchir le seuil : sans doute, ainsi que de coutume, elle venait s’entretenir avec son amie Fulvia, qui n’était