Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armateur, édile. Je suis l’amie intime de Fulvia, fille du gouverneur. Qu’on s’informe au palais.

— On s’informera, firent-ils, indifférents. En attendant, suis-nous !…

Ordula, tout de suite, avait dit à Rhétikos :

— Reste ici… Continue de ramasser ce que tu pourras. Moi je te quitte : j’ai affaire. Tu me reverras ce soir à la porte de Cenchrées, comme d’habitude — à moins qu’on ne puisse travailler encore dans ce quartier ; alors, je t’y chercherai.

Gardant toujours sous son vêtement les livres qu’elle avait pris, elle courut à la maison qu’habitait Myrrhine.

— Tu m’avais dit de venir, l’autre jour, dit-elle : me voici. Veux-tu encore que j’interroge pour toi la destinée ? Donne tes mains… Mais ce n’est pas assez. Je ferai couler le sang d’un poulet… As-tu un poulet ?

— Théoctène vient dîner ce soir, répondit Myrrhine, avec des amis : Philomoros le philosophe, Cléophon, qu’on appelle aussi Timarion, un nom de femme, parce que… d’autres encore, le poète Céphisodore. Je ne les connaissais point jusqu’à ces derniers jours : il a l’air un peu fou, mais il est amusant… Sûrement il y a des poulets ! Je vais demander à l’esclave des cuisines…

— Laisse-moi d’abord regarder… Tu as une jolie maison, Myrrhine.

— Ce n’est pas une grande maison, mais elle est jolie !… Tu te rappelles la chambre que j’avais auparavant, chez Eurynome ? Il y en avait vingt, toutes pareilles, pour vingt femmes ! Quatre murs peints à la chaux ; le sol était de terre battue, avec des nattes de joncs — excepté dans le coin où était le lit d’argile, couvert d’un tapis de