défense devant le tribunal : un débauché de mœurs infâmes, le plus infâme de Corinthe. Sa réputation était venue jusqu’à elle ; et c’étaient bien ses traits !
L’homme tira le rideau de la cella. Et toutes ces femmes, qui riaient !… Dans l’ombre Eutychia distingua le bruit d’une cuirasse qu’on posait à terre, de vêtements dépouillés à la hâte. Son cœur cessa de battre. Elle espéra mourir.
— Jeune fille, dit une voix qui n’était presque pas une voix d’homme, je ne te vois point, et tu ne vois point : ta pudeur n’a pas à s’offenser de ce que je suis nu. Donne-moi tes vêtements ! Vite ! On a dû les laisser dans cette cellule. Et prends cet attirail militaire : je t’aiderai.
Elle ne comprenait pas.
— Oui, oui… Tu vas sortir à ma place. Tu feras un beau centurion. Encore plus beau que moi !… Cléophon ne ferait pas ce compliment à tout le monde… Mais dépêche-toi donc ! Ne dis rien : nous ne sommes pas ici pour causer. Enveloppe-toi dans ce manteau… Ah ! tiens !.… tu paieras la patronne ; voilà ce qu’il faut. La somme est normale, et même généreuse : on ne t’en demandera pas davantage, tu pourras t’en aller sans parler à personne : les plus beaux soldats sont timides parfois, après !…
La générosité, avec l’espérance, revenait au cœur d’Eutychia :
— Mais toi, malheureux ? As-tu songé… que t’arrivera-t-il ?
— Domina, — c’est de ce nom, je crois, que tes frères appellent les vierges de ta sorte, comme nous faisons des vestales, — Domina, cette chose qui pour toi a tant d’importance, pour Cléophon n’en a guère… Et il est plus convenable que tu n’y penses point : cela s’arrangera…