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mesures prises, il énumérait le nombre des abjurations obtenues, puis des exécutions, mentionnait la répression des troubles en atténuant leur importance, de manière à prouver qu’il continuait de tenir la ville et la province en main, ce qui n’était point inexact, mais aussi à faire comprendre que l’excitation des esprits pouvait devenir dangereuse. En ce qui concernait le reste des chrétiens arrêtés, il demandait, en conséquence, des instructions. Galère n’en donna aucune. Lui aussi en attendait de Dioclétien, que des influences contraires tiraillaient, et qui, de plus en plus accablé par la maladie, n’était pas loin d’imaginer que ses souffrances avaient pour cause la colère du dieu des chrétiens, ou les pratiques de sorcellerie de ses prêtres.

Les personnes d’intentions aumônières étaient conduites sur un chemin de ronde, au sommet d’une muraille d’où ils avaient vue sur cette sorte d’esplanade, et pouvaient jeter aux prisonniers, ou leur faire descendre au moyen d’une corde, les dons qu’ils avaient apportés. Myrrhine recevait ainsi, presque tous les jours, la visite de Céphisodore et de Philomoros, ou bien ceux-ci, quand ils ne pouvaient venir, lui envoyaient un esclave chargé d’aliments ; c’est par eux qu’elle apprit la suspension indéfinie du procès, à laquelle, tout d’abord, les chrétiens se refusèrent à croire. Mais ses deux amis lui cachèrent la mort de Théoctène. Ils lui laissèrent penser que son amant, recherché par le gouverneur pour ses violences, avait pris la fuite et se cachait en Asie. Cette supposition, qui la rendit heureuse, lui parut vraisemblable. Bien d’autres avaient pu s’échapper, comme Eutychia, dont la police n’avait pu découvrir l’asile, de quoi Onésime, très généreusement, se félicitait. L’évêque, bien qu’il n’eût jamais aperçu Myrrhine dans les assemblées, la croyait chrétienne, ou du