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moins près de le devenir. Le fait qu’elle avait voulu — car il en était aussi persuadé que les magistrats — soustraire au séquestre les livres d’une église, le lui donnait à imaginer. Il lui avait offert ses encouragements, l’invitant à suivre les cérémonies ouvertes aux cathéchumènes. Elle l’avait regardé d’un air étrange, et comme avec indignation, n’éprouvant que de l’horreur pour tous ces gens qui l’entouraient, et dont la sombre folie, pour elle incompréhensible, venait de la priver de toute la joie qu’elle avait connue en ce monde.

Parfois, cependant, on faisait sortir des prisonniers, choisis presque toujours parmi les petites gens, pour les envoyer aux mines d’Asie. Parfois aussi il en arrivait de nouveaux. L’un des premiers fut le mendiant Rhétikos. Il s’était subitement, de lui-même, dénoncé comme chrétien ; et, voyant dans la conversion de ce persécuteur la marque d’une grâce unique, des personnes riches de Corinthe, favorables à la foi nouvelle, s’intéressaient à lui. Il fut bientôt suivi de Cléophon et du juif Aristodème, dont on n’avait pas tardé à découvrir la complicité avec le cabaretier Agapios, dans cette affaire d’accaparement de vin et de blé soustraits à la consécration des flamines.

Pour Cléophon, il s’était laissé arrêter sans résistance, et même en riant, après une nuit passée au lupanar, et sur les détails de laquelle il gardait un silence ironique. Son seul regret avait été de ne point retourner devant Pérégrinus, à qui, pensait-il, beaucoup de choses encore lui restaient à dire. Il s’enquit d’Eutychia auprès d’Onésime, et se montra fort satisfait qu’elle eût échappé. Il lui semblait avoir, de la sorte,