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missants et comme en extase, l’ayant respectueusement placé sur une sorte de civière, le portèrent en ostentation à travers les rangs des fidèles. De nouveau, tous s’abîmant devant lui, baisèrent le sol de leurs lèvres.

Et Onésime, après avoir récité le Pater, improvisait encore une oraison passionnée, vertigineuse, où il les emportait à sa suite :

— Père invisible, source d’immortalité, source de toute lumière, de toute grâce, ami des hommes, ami des pauvres, je te vois, ô incréé, avec ton cortège de milliers de milliers, de myriades de myriades d’anges, d’archanges, de Trônes, de Seigneuries, de Puissances, et tes deux séraphim à six ailes : deux dont ils se cachent le visage devant ton insoutenable éclat, deux à leurs pieds, deux dont ils volent en criant que tu es Saint. Tu es là ! Ton corps est dans ce pain, ton sang est dans ce vin, avec ton Esprit. Et tous ceux qui vont se partager cet aliment ineffable seront grandis en tout progrès, en toute vertu. Étaient-ils faibles, ils seront forts. Malades, ils seront guéris. Tu es là ! Tu es là !… Je te prie pour notre sainte Église, répandue d’un bout de la terre à l’autre. Pour moi, qui ne suis rien. Pour ces prêtres, pour ces diacres. Pour tous les saints, les prophètes, les patriarches, les pauvres, les malades, les enfants, les esclaves. Pour l’Empereur, les magistrats, les soldats, tous ceux qui vont nous faire mourir !… Ô vous, qui en êtes dignes, ceci est son corps, ceci est son sang. Approchez pour le repas divin !

Parfois, au cours de cette cérémonie, jetée vers un désir d’action forcenée avec le sentiment