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et que tout attentat contre elle tient à la fois de la démence, du sacrilège et du nihilisme ?

Le prince Alghero, souriant à l’italienne, d’un sourire tout courtois, mais tout secret, ne répliqua pas un mot. Ce fut le peintre Juan Bazan qui, ayant considéré assez ironiquement le noble lord, son hôte, lança cette réflexion comme a parte :

— Nihilisme, sacrilège et démence… C’est bien ce que je me disais à moi-même, tout en réfléchissant aux économies irlandaises… À telles enseignes que je n’oserai jamais vous demander, mon cher lord et ami, quel intérêt ont les Anglais, propriétaires de domaines royaux dans la Verte Erin, à désespérer, comme de parti pris, au lieu de les aider, au lieu de les favoriser, les naturels du pays, tenanciers héréditaires des dits domaines, et facteurs directs de l’opulence desdits propriétaires anglais…

Mais lord Nettlewood le regarda sévèrement :

— Quel intérêt ?… Mais nul autre, mon illustre ami, que celui d’une civilisation supérieure et d’une humanité agrandie !

— Ainsi soit-il ! — confirma froidement don Juan Bazan, qui se proclamait volontiers élève de Francisco Goya, et qui, comme tel, savait ce qu’humanité et civilisation veulent dire.

VII

Maintenant, dans la vedette qui faisait route droit sur l’entrée de la crique, ils étaient tous assis, les hôtes de lord Nettlewood, avec lord Nettlewood lui-même : Mmes d’Aiguillon, Ashton, Francheville, de Trêves ; MM. de la Cadière, Bazan, Ashton, de Trêves et le prince Alghero. Et déjà la terre approchait tellement que le patron