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Quelqu’un murmura :

— On dirait qu’elle va surgir soudain…

La petite voix de Mme de Trêves s’éleva. Mme de Trêves parlait à son mari. Elle lui dit :

— Pou ! si la Vérité sort, crois-tu qu’elle sortira toute nue ?

Grace Ashton qui était à droite d’Henry de la Cadière, lui glissa, tendrement, dans l’oreille :

— Chéri ! la Vérité toute nue ?… crois-tu qu’elle me ressemble ?

Cependant que Germaine Francheville, qui était à gauche d’Henry de la Cadière, lui soufflait, lestement, dans l’oreille aussi, dans l’autre :

— Chéri ! ia Vérité toute nue ?… crois-tu qu’elle ait une jolie poitrine ?

Or, s’il était une chose à peu près inconnue de tout le monde, mais seulement à peu près, c’est que le buste de Germaine Francheville l’emportait sur le buste de Grace Ashton. Henry de la Cadière savait cela… Il regarda donc d’abord à sa droite, ensuite à sa gauche, puis se tut…

Cependant M. de Trêves avait répondu à sa femme :

— Punaise ! je te prie sérieusement de ne point dire d’inconvenances…

Lord Nettlewood avait ramassé une pierre. Il la jeta dans le Puits. On vit tomber cette pierre. Puis un temps s’écoula, énormément long, sans qu’on entendit rien. Enfin le son de l’eau heurtée par le caillou remonta de l’abîme. Le niveau du Puits était beaucoup plus bas qu’on n’eût osé l’imaginer.

— Le Puits de la Vérité ! — dit encore Mr. Ashton.

Il ricanait, de son petit ricanement sec.

La compagnie, sans plus insister, s’en fut. Seulement, comme les derniers sortaient de