Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/47

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soucié de tenir le plus près à proximité d’un rocher tout à fait inhospitalier, comme celui-ci. Et il a doublé quelque cap, par là ou par ici…

— Soit ! — consentit don Juan Bazan. — Mais, soit par là, soit par ici, comment, d’où nous sommes, n’apercevons-nous rien ? Il faudrait que le yacht fût au diable, voyons !

Il est peut-être derrière le Pic, — fit observer assez raisonnablement le comte de la Cadière.

Pas une des femmes ne soufflait plus mot. Et toutes écoutaient, tremblantes comme feuilles.

— Si la Feuille de Rose est derrière le Pic, ce qui est parfaitement admissible, — répliqua sur-le-champ lord Nettlewood, qui réflechissait et considérait la mer, la bouche très pincée, les sourcils assez bas, — il importe d’abord de s’en assurer. Car la chose est, somme toute, assez grave et vaut qu’on y prenne garde. Monsieur de Trêves, Monsieur de la Cadière… vous êtes, m’est avis, les plus jeunes hommes et les plus ingambes d’entre nous… Faites l’ascension du Pic… ou faites-en le tour… Mais allez, n’importe comment, du côté où nous ne sommes pas, pour découvrir, de là-bas, le secteur d’horizon que nous ne découlons pas d’ici… Et retrouvez la Feuille de Rose

— Nous lui ferons les signaux ! — proposa le comte de Trêves, qui continuait à se souvenir des lectures favorites de la comtesse. (Car, dans les romans des écrivains spéciaux, jamais un naufragé ne manque de faire des signaux au navire sauveteur, voire, on a vu, principalement dans les livres de telles romancières des plus parisiennes, de pauvres gens, abordant à la nage sur un récif rigoureusement aride, y planter d’emblée, un mât gigantesque, support d’un immense pavillon ; — le tout sans doute par l’opération du Saint-Esprit, fabricant en bois et toiles…)

— Des signaux ? — répéta lord Nettlewood,