Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/58

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que si bien vous avez nommée, de prochaines pourritures. Et quant à la bouillabaisse, et quant aux foies de goélands, et quand à tout ce que j’oublie, on en pourrait dire autant. Il est infiniment sage et traditionnel, dans la situation où nous sommes — dans la situation où vous nous avez mis — de nous rappeler Robinson Crusoé et le Robinson Suisse, et les miraculeux naufragés de l’Île Mystérieuse, du bon Jules Verne. Mais, en toutes choses, il y a à prendre et à laisser, comme l’affirma Je même Jules Verne lui-même, dans un autre de ses livres… S’il vous plaît donc, mylord… et même s’il ne vous plaisait pas… ce soir, on dînera. Nous dînerons, mylord !

Il l’affirma, net, gouailleur presque. Il l’affirma si péremptoirement que le propriétaire de la feue Feuille de Rose s’en irrita, et tout de go, entreprit de restaurer son autorité compromise en matant l’inattendue rébellion :

— Prince ! je vous en prie !… Vous n’avez probablement pas songé que… dans les circonstances… redoutables… qui viennent de survenir… vous n’avez pas songé que… notre yacht nous ayant quittés…

— Votre yacht, mylord ! — rectifia, sec, ser Carlo Alghero.

— Oui… — consentit lord Nettlewood, n’ayant peut-être pas compris… — oui… vous n’avez évidemment pas songé que, par le fait même de notre mésaventure et des périls qui peuvent s’en suivre, un ordre… une discipline… une hiérarchie, j’ose dire… sont nécessaires… sont même obligatoires… et doivent régner, indispensablement, sous peine d’anarchie finale, et de mort conséquente.

— Peuh ! — coupa Alghero, infiniment détaché : — « anarchie finale et mort conséquente ? » mais, mon cher lord, nous touchons à tout cela !… Il n’importe donc pas le moins du monde, à