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wood, lequel, assez ahuri, contemplait, bouche bée, cette désertion de deux hommes, — ser Carlo et don Juan, — qu’il avait, de toujours, considérés comme les plus sûrs comparses de sa table, de son yacht et de ses fantaisies.

— Mylord, — prononça assez solennellement l’homme véridique, — nous avons donc, à l’heure qu’il est, le regret de vous quitter, don Juan Bazan et moi. Croyez qu’il nous en coûte infiniment… ou, plus exactement, croyez qu’il nous en coûte assez peu… Oh ! je ne nie pas que depuis l’origine de notre amitié, nous n’ayons, l’un et l’autre, très agréablement profité de votre munificence… Vous avez été pour nous, mylord, la meilleure des vaches à lait… encore que nous vous ayons, au fur et à mesure, payé beaucoup de ce que nous vous devions, — lui, grâce à ses pinceaux et à sa célébrité mondiale… moi, grâce à mes ancêtres, et au nom mondial aussi qu’ils m’ont légué… Il n’importe ! Si nous vous sommes encore redevables de quoi que ce soit, ayez la générosité de nous en donner quittance. Car, à l’heure qu’il est, il faut bien, mylord, tout liquider… puisqu’il faut mourir… Et, pour cette suprême et presque grave formalité, don Juan Bazan et moi désirons être seuls. Oui : nous estimons que c’est mieux. Mylord, sous le prétexte, discutable d’une promenade en mer — laquelle devait être exempte de tous dangers, voire de tous aléas, — vous nous avez conduit, assez sottement, à notre dernier jour… Or, j’ai toujours décidé de mourir autant que possible comme il me plairait et loin des gens qui ne me plaisent pas. Fort mal à propos, il est de ces gens-là dans votre compagnie. Souffrez donc que je m’éloigne d’elle. Don Juan Bazan qui, là-dessus, partage mon sentiment, s’éloignera comme moi. N’en parlons plus. Cela fera, tout uniment, deux mâles de moins dans votre pha-