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XX

— Reggie, mon respectable ami, — affirma lord Nettlewood, soucieux, — je suis énormément triste de toute cette aventure, encore qu’elle soit incompréhensible… car j’estime encore, avec toutes bonnes raisons pour cela, que nous nous alarmons à tort, et que notre Feuille de Rose ne peut strictement pas être perdue.

— Je n’ai garde de contredire Votre Seigneurie ! — proclama le petit mari de la belle Grace Ashton.

Ces dames, comme Reginald Ashton l’avait voulu, s’étaient toutes empressées à faire leur lit auprès du lit de Mme d’Aiguillon ; laquelle, d’ailleurs, médiocrement sensible à cet empressement, n’en avait dormi que plus tôt, et de ce beau sommeil prompt et profond, que seules goûtent les vieilles dames assez sages pour ne jamais guetter leurs jeunes voisines et toujours mépriser le chien du jardinier.

Ainsi s’étaient donc groupées, avec un enthousiasme provisoire, mais correct, Mmes Ashton, de Trêves et Francheville ; pendant que toute la gent masculine se promenait hors la caverne, afin de mieux respecter les pudeurs possibles du sexe, opposé.

Henry de la Cadière s’était éloigné. M. de Trêves piétinait, au contraire, à toucher l’orée de la caverne. Lord Nettlewood et Reginald Ashton, « le bras dans le bras », se promenaient sur le plateau de l’île, pestant parfois l’un et l’autre contre les cailloux qui heurtaient leurs pieds. Car le sol était tout ce qu’on voulait, sauf uni.

Un temps, les cailloux firent néanmoins trêve. Et, tels le héros Æneas et son fidèle Achates, Net-