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— Hein ? — lord Nettlewood se répétait ; mais, déjà, ce n’était plus du tout sur le même ton.

— La Feuille de Rose est là ! — confirma Bazan qui reprenait haleine. Et tout de suite, Alghero expliqua :

— Elle avait probablement déradé, à cause du mauvais temps… Mais elle est revenue. Et nous venons de l’apercevoir, à l’orée de la crique où nous avons débarqué hier. Nul doute que, tout à l’heure, le capitaine O’Kennedy nous envoie la vedette… Nous déjeunerons tout à l’heure à votre bord, mylord !…

Vaguement inquiet, dont Juan Bazan insinuait :

— Car j’espère, mylord, que vous n’en voudrez ni à ser Carlo, ni à moi… de nos… inconvenances d’hier ?… On est si facilement nerveux, à l’instant d’agoniser…

Mais, des inconvenances en cause, lord Nettlewood avait perdu tout souvenir.

Et, d’ailleurs, Sa Seigneurie n’avait rien entendu ; Sa Seigneurie n’écoutait plus rien, depuis que ses oreilles avaient transmis à son cerveau les mots éblouissants, les mots libérateurs : « la Feuille de Rose est là… »

Tout de suite, sa joie fut si brutale qu’il se jeta, lui, lord Nettlewood, dans les bras de l’homme qui lui apportait cette joie ; dans les bras de Carlo, prince Alghero. Et, l’étreignant, il le suppliait de redire, de redire encore :

— Ser Carlo ! je vous en conjure ! ne me mentez pas : la Feuille de Rose ?

— La Feuille de Rose, mylord, est à vos ordres, comme moi-même. Et trop ravi suis-je d’être le premier à vous l’annoncer, d’autant que…

Il allait compléter ses excuses ; il allait dire :

— …D’autant qu’hier je crois me souvenir d’avoir manqué à Votre Seigneurie…

Mais lors Nettlewood le coupa :