Page:Les œuvres libres - volume 24, 1923.djvu/381

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que vous avez commise, nous l’aurions tout aussi bien pu étouffer. Cette réserve que vous avez gardée ne s’explique pas — ou s’explique trop.

Je pense à ce que je répondrai. J’aurai bien des choses à répondre. Pourtant je ne suis pas si jeune que je ne sache que, selon le sentiment des hommes à votre égard, les mots sont des paroles ou sont des mots. Aussi bien, et sur le plan non personnel, la justice en général vous tient quitte contre preuve et vous condamne sur présomptions. Alors ?

Eh bien, j’irai. Je n’attendrai pas qu’on me mette la main au collet. J’irai tout à l’heure chez le commissaire.

Cependant… Si l’on ne pense pas à moi, si je ne dois pas être inculpé, cette démarche me livre et peut me perdre.

Je suis complètement fou ! Que j’attende de savoir s’il est arrivé quelque chose !

Ce n’est pas le premier mauvais tour qu’elle me joue ! Ce n’est pas non plus le second ! Cette comédie de l’empoisonnement d’abord, cet autre matin qu’après un simulacre d’absorption de je ne sais quoi sinon de rien du tout, elle est tombée tout d’une pièce sur le tapis… Et cette… Comédienne ! Fourberie de l’hystérique ! Que la chose se passe sans autres conséquences, je ne te reverrai de ma vie !

Tout le temps de notre liaison, elle l’a passé à me torturer. Et moi, je ne secouais pas le joug. L’amour est donc tellement aimanté par la douleur ?

Qu’elle était belle dans la douleur, debout au cadre lumineux de la porte, demi-nue, la chair