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Saint-Cast, plus morte que vive, et lui parle. Que lui dit-il ? Pâle, tremblante, vacillante sur ses jambes, elle rencontre le regard de l’homme qui, se courbant sur elle, s’empare vivement de ses deux poignets.

Le bedeau passe à ce moment précis pour aller éteindre les cierges du maître autel ; il aperçoit deux personnes, dont l’une parle à voix basse avec véhémence ; il ne peut distinguer les mots, mais il voit que la femme est défaillante ; inquiet, il s’approche, croit entendre Karmord prononcer des paroles de colère, sans entendre autre chose que : « Je vous hais, maintenant… Je veux… » (encore n’en est-il pas sûr) et voit Mlle de Saint-Cast tomber assise sur les marches. Karmord apercevant quelqu’un remonte, bouscule le bedeau pantois, et s’enfuit.

Mlle de Saint-Cast est alors face à la porte close, assise toute raide sur l’escalier ; elle paraît frappée de stupeur, ses yeux sont grands ouverts. À ce moment arrive Agathe, qui a retrouvé sa jeune maîtresse, et qui se met à pleurer sottement lorsqu’elle la voit assise par terre, « les mâchoires serrées et toute blanche ». Deux ou trois fidèles se sont approchés et s’effarent comme Agathe et le bedeau ; puis on va quérir un prêtre à la sacristie, qui semble fort effrayé aussi ; quelqu’un propose de bassiner les tempes de la jeune fille toujours rigide avec de l’eau fraîche. À cette minute même, une dévote ouvre brusquement la porte extérieure du tambour : un souffle de vent vient brutalement frapper en plein sur le visage de Mlle de Saint-Cast qui « paraît se ranimer », se relève, passe la main plusieurs fois sur son front et, une demi-heure environ après cet « évanouissement », se trouve suffisamment « remise » pour rentrer chez elle avec Agathe.

Il est bien entendu que ces événements se sont succédé avec une grande rapidité, et ont duré