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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/119

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La Princesse. — N’ayez pas de honte. Vous accompliriez ainsi un devoir sacré, le devoir maternel. Vous êtes obligée de faire cela pour vos enfants. Qu’il fasse mettre les propriétés à votre nom !

Maria. — Ma sœur le lui a dit : mais il a répondu qu’il n’en avait pas le droit ; que la terre est à ceux qui la cultivent, et qu’il est forcé de la remettre aux paysans.

La Princesse. — Ah mais ! c’est inquiétant ! Mon mari était un joueur et un débauché, mais le vôtre est plus terrible encore. On échappe parfois aux excès de table ou de baccara ; mais les excès de charité, ça ne pardonne pas.

Maria. — Et notre pope partage ses idées.

La Princesse. — Oui, je l’ai remarqué hier. Votre sœur a eu bien raison d’aller à Moscou.

Maria. — Elle voulait consulter un notaire.

La Princesse. — C’est très sage !

Maria. — Et ramener le père Guérassime afin qu’il l’exhorte.

La Princesse. — Il démontrera, j’espère, à votre mari, que le christianisme n’a jamais eu pour but de détruire la famille.

Maria. — Oh ! il ne voudra pas écouter le père Guérassime, ou bien il lui tiendra tête… Ce qui est affreux, c’est qu’il me semble toujours avoir raison.

La Princesse. — Vous vous laissez persuader parce que vous l’aimez.

Maria. — Je ne sais pas pourquoi, mais c’est ainsi.

La Princesse. — Ah ! voici Boris.

Maria. — Avec Luba ! Les chers enfants !

La Princesse. — Ils ne demandent qu’à être heureux !… Tania et Stepa aussi…

Maria. — Je n’ai pas remarqué.

La Princesse. — Moi je suis sûre.

Maria. — Ah ! Tant mieux ! Ma chère amie !

La Princesse. — Il ne faut pas que la manie de votre mari vienne briser leur bonheur.