Le Général. — Faites-le lever. Placez-le là.
Boris. — Vous pouvez faire cela. Vous pouvez même me tuer, mais non me forcer à vous obéir.
Le Général. — Silence ! Écoute bien ce que je vais te dire.
Boris. — Je ne veux pas du tout écouter ce que tu vas me dire, toi !
Le Général. — Il est fou ! Il est fou ! Il faut l’envoyer à l’hôpital, il n’y a rien de plus à faire.
Le Colonel. — Vous procédez à l’interrogatoire, mon général ?
Le Général. — Non ! non ! c’est votre affaire. J’écoute ; mais faites vite, pas de phrases.
Le Colonel, à Boris. — Pourquoi ne voulez-vous pas prêter serment ?
Boris. — Je ne prête pas serment, parce que je suis chrétien. L’Évangile défend expressément…
Le Général. — L’Évangile ! Vous feriez mieux de nous parler de la théorie. Continuez.
Le Colonel. — Pourquoi refusez-vous d’exécuter les ordres du gouvernement ?
Boris. — Je refuse d’exécuter les exigences des hommes qui s’intitulent le gouvernement…
Le Général. — Respect aux autorités !
Boris. — Parce que ces exigences sont criminelles et cruelles.
Le Général. — Vraiment ?
Boris. — On exige de moi que j’entre dans l’armée, que j’apprenne, que je me prépare à tuer. Cela est défendu par la religion et surtout par ma conscience.
Le Général. — Conscience ! Vous reprendrez votre conscience quand vous serez libéré.
Le Colonel. — Quels motifs vous ont porté ?…
Le Général. — Allons, ça suffit, nous n’avons pas besoin d’écouter tout ce bavardage. (À Boris.) Écoutez ce que je vais vous dire. Votre sort ne m’intéresse nullement. Mais, dans votre intérêt, je